Un ressortissant camerounais fait actuellement face à des poursuites au Gabon après avoir tenu, dans un moment de colère, des propos particulièrement injurieux à l’endroit du Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema. Des mots violents lancés sous le coup de l’émotion, largement relayés sur les réseaux sociaux, qui risquent désormais de lui coûter cher.
Tout est parti de la démolition de plusieurs constructions dans la capitale, dans le cadre des grands travaux d’aménagement engagés par l’État. Se sentant lésé par la destruction de ses investissements, cet homme a publié une vidéo dans laquelle il qualifie le chef de l’État gabonais de « plus grand sauvage de la planète ». Une sortie brutale, disproportionnée, qui l’a immédiatement placé dans le viseur de la justice gabonaise.
Car si l’exaspération peut se comprendre, surtout lorsqu’elle touche au fruit d’années de travail, l’injure publique envers le Président de la République est une infraction sévèrement réprimée au Gabon. En vertu de l’article 158 du Code pénal, elle est passible de cinq ans de prison et d’une amende de 5 millions de FCFA. Et ce, quel que soit le canal de diffusion utilisé.
Un acte qui fait école
Ce que cette affaire révèle en filigrane, c’est un phénomène devenu courant : l’illusion d’impunité offerte par les réseaux sociaux. De plus en plus, des individus pensent pouvoir dire tout et n’importe quoi sous couvert d’indignation, d’humour ou de révolte. Le problème, c’est que l’espace numérique n’est pas une zone de non-droit.
S’exprimer, critiquer, dénoncer, oui. Mais insulter, diffamer, ou outrager des institutions ou leurs représentants, non. Ce glissement, entretenu par la viralité des plateformes numériques, finit par banaliser des actes pourtant lourds de conséquences, à la fois sur le plan social et juridique.
Ce dossier pourrait bien faire office de précédent. Un fait d’école, qui rappellera à chacun que la liberté d’expression a des limites, et que la colère ne peut pas tout justifier. Il ne s’agit pas d’étouffer les voix critiques, mais de rappeler que l’expression publique exige aussi un minimum de responsabilité, surtout lorsque l’on s’attaque à la figure la plus élevée de l’État.
Une leçon pour tous
En définitive, cette affaire n’est pas seulement celle d’un homme emporté par la rage. Elle interroge l’ensemble de la société : jusqu’où peut-on aller dans ses propos ? Où s’arrête la liberté, et où commence l’abus ? Il est clair que cette mésaventure sera scrutée de près, au Gabon comme au-delà, et pourrait bien sonner comme un avertissement.
Ce n’est pas la colère qui est condamnée ici, mais la manière de l’exprimer. Et dans une République, même en temps de transition, la loi reste le dernier recours pour réguler les excès.