La Société Gabonaise de Raffinage (SOGARA) a pris la parole ce samedi depuis Port-Gentil pour rétablir la vérité. Non, le Gabon n’achète pas de carburant au Togo. Une mise au point qui vise directement l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze, accusé de propager une fausse information en pleine campagne présidentielle. Voici ce qu’il faut savoir.
C’est par voie de communiqué que la direction générale de la SOGARA a décidé de clarifier un point devenu viral dans l’opinion publique : le prétendu achat de carburant par le Gabon au Togo. Une affirmation faite par le candidat Bilie-By-Nze lors de son passage dans l’émission Un candidat, un projet, et qui a rapidement suscité de vives réactions, y compris sur le plateau, où la journaliste Larisca Laure Mamengui avait tenté de corriger l’ex-Premier ministre, sans succès.
Dans sa note, la SOGARA explique que la confusion vient d’une méconnaissance des réalités maritimes : « Contrairement à ce qui a été affirmé, le Gabon (précisément à travers la SOGARA) n’achète pas de carburant au Togo qui, par ailleurs, ne dispose pas de raffinerie. » La société précise que les opérations évoquées concernent en réalité la zone internationale “Off Shore Lomé”, un point de stockage maritime situé dans le Golfe de Guinée, en haute mer, et non sur le territoire togolais.
Ce site est utilisé par de nombreux pays de la sous-région pour des opérations de transbordement logistique entre grands navires. Il ne s’agit en aucun cas d’une plateforme d’achat auprès du Togo.
Des importations via des traders internationaux
La SOGARA rappelle que les approvisionnements du Gabon se font principalement via des traders basés en Europe, en lien avec des raffineries excédentaires situées en Europe, au Nigeria et en Amérique du Nord. Ces circuits ne passent donc pas par des achats directs auprès du Togo, un pays qui ne dispose d’aucune infrastructure de raffinage.
Une sortie de campagne mal maîtrisée
En campagne présidentielle, chaque mot compte. En avançant une information inexacte, Bilie-By-Nze, ancien haut cadre du régime Bongo, a offert à ses adversaires une occasion en or de questionner son crédit technocratique. Son intervention, qui se voulait critique sur la dépendance énergétique du pays, se retourne contre lui : elle dévoile une imprécision étonnante pour un homme qui a longtemps dirigé les affaires de l’État.
Une nouvelle erreur dans un projet déjà critiqué
Ce n’est pas la première fois que Bilie-By-Nze est rattrapé par les faits dans cette campagne. Après avoir proposé un revenu mensuel de 150 000 FCFA pour chaque chômeur – une promesse jugée « économiquement absurde » par le député Geoffroy Foumboula –, cette nouvelle approximation alimente l’image d’un candidat déconnecté des réalités techniques et en quête de crédibilité.
La SOGARA, de son côté, appelle à plus de rigueur dans le débat public. Elle invite à la vigilance citoyenne, en soulignant que « la transmission de la bonne information est un devoir collectif ». En d’autres termes : la politique ne doit pas se faire au détriment de la vérité.