La Cour de cassation française a définitivement scellé, le 24 septembre 2025, le sort des biens immobiliers de la famille Bongo saisis dans le cadre de l’affaire dite des « biens mal acquis ». Par trois décisions, la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire français a rejeté les pourvois formés par Ali Bongo Ondimba, confirmant ainsi la confiscation de trois propriétés prestigieuses situées à Paris et à Nice.
Sur le plan du droit, cette décision s’inscrit dans la droite ligne du dispositif français de lutte contre la corruption et le blanchiment des capitaux. La Cour a estimé que les biens concernés en l’occurrence un hôtel particulier rue Dosnes dans le XVIᵉ arrondissement de Paris et une villa sur la Côte d’Azur, avaient été acquis avec des fonds d’origine illicite, issus de détournements présumés de fonds publics. Ces éléments, considérés comme probants, justifient la confiscation définitive au profit de l’État français.
Cependant, si cette décision consacre une victoire du droit, elle soulève une question essentielle : à qui doit revenir l’argent issu de la liquidation de ces biens ? Car au-delà de la symbolique judiciaire, il s’agit désormais d’un enjeu de justice économique et morale.
La France ne saurait se glorifier de confisquer des biens acquis illicitement par des dirigeants africains, pour ensuite en tirer profit. Le principe de justice internationale impose que les avoirs saisis soient restitués aux pays d’origine, dans un cadre transparent et traçable.
Le Gabon, comme tant d’autres nations africaines concernées par ces affaires, attend que ces fonds soient réaffectés à des projets de développement, à l’éducation, à la santé ou aux infrastructures. Ce serait là le véritable sens de la restitution, conforme aux résolutions de l’ONU sur le recouvrement des avoirs mal acquis (Convention de Mérida de 2003).
La France traverse aujourd’hui une période économiquement délicate. Mais il serait moralement contestable que ses difficultés financières se traduisent par la rétention de fonds issus de détournements commis ailleurs. La restitution n’est pas un acte de charité : c’est un devoir de justice et de cohérence politique, surtout pour un pays qui prône la transparence et la coopération équitable avec l’Afrique.
En refusant à Ali Bongo tout espoir judiciaire, la Cour de cassation a clos le dossier juridique. Mais il revient désormais au pouvoir politique français d’ouvrir le dossier moral et diplomatique : celui de la restitution des avoirs saisis au peuple gabonais, véritable victime de ces détournements.
Cette affaire doit être un tournant diplomatique important. Car ce que les peuples africains attendent aujourd’hui, ce n’est plus seulement que l’on condamne les anciens dirigeants corrompus, mais que l’on restitue aux nations leurs biens spoliés pour bâtir leur avenir.
C’est à ce prix que la justice cessera d’être un simple instrument de sanction pour devenir un levier de réparation.










