Le Liban vient de poser un acte fort en procédant à l’arrestation de son ressortissant Nazih Marwan Al-Azzi pour « atteinte aux relations diplomatiques » avec le Gabon. Un message clair : les États souverains ne peuvent tolérer que des individus, réfugiés ou non, utilisent le territoire d’un pays tiers pour s’attaquer impunément à leurs institutions. Cette décision libanaise interroge : pourquoi la France, pourtant si attachée au droit et à la souveraineté, reste-t-elle silencieuse face aux dérives de certains activistes gabonais très actifs depuis son sol ?
Jonas Moulenda, Thibaut Adjatys, Princesse de Souba, Mister Phénix, Bernard Rekoula… Tous s’illustrent régulièrement sur les réseaux sociaux par des propos diffamatoires, insultants, parfois calomnieux à l’endroit des plus hautes autorités gabonaises. Pour certains réfugiés politiques, pour d’autres résidents réguliers, tous bénéficient de la protection de l’État français, mais abusent de cette liberté en foulant aux pieds les lois de la République qui, cependant, encadrent strictement l’incitation à la haine, l’injure publique et la désinformation.
Alors, que fait la France ? Ferme-t-elle volontairement les yeux ou se sert-elle de ces voix comme levier de pression sur les autorités gabonaises, notamment dans un contexte où les réformes initiées par le Président de la République, Chef de l’État, Chef du Gouvernement, Son Excellence, Brice Clotaire Oligui Nguema, en particulier dans le secteur stratégique des mines, pourraient froisser certains intérêts français ?
La France est familière de ces procédés : encourager ou tolérer des campagnes d’opinion sur son sol pour influer sur les choix souverains des dirigeants africains. Pis, certains observateurs n’hésitent pas à voir dans les plaintes déposées en France contre le Président de la République par des proches du clan déchu Bongo-Valentin, une volonté de garder une mainmise sur le processus de restauration des institutions gabonaises. À cela, le Gabon pourrait opposer la réciprocité : refuser l’entrée de figures hostiles aux intérêts nationaux, à l’image de Kemi Seba récemment interdit de séjour. Si la France ne collabore pas, le Gabon pourrait aller plus loin : contrôler certains espaces numériques, voire suspendre temporairement l’accès aux plateformes utilisées comme armes de guerre numérique par ces “mercenaires du clavier”, ces “terroristes digitaux”, ces “diffamateurs professionnels”.
L’affaire Nazih doit faire école. Il est temps que la France choisisse : ou elle applique la loi sur son territoire, ou elle assume sa complicité. Dans tous les cas, pour Jonas Moulenda, Thibaut Adjatys, Princesse de Souba, Mister Phénix, Bernard Rekoula et consorts, l’étau se resserre.
À l’heure où le Chef de l’État gabonais devient intransigeant sur la souveraineté économique du pays, notamment sur le manganèse, il ne serait pas surprenant qu’un accord de coopération judiciaire soit bientôt conclu. Les citoyens français répondront devant les juridictions françaises, les autres seront rapatriés pour rendre compte de leurs agissements. Le Liban l’a fait. À la France maintenant de montrer qu’elle n’est pas au-dessus des lois qu’elle exige des autres.