C’est une nouvelle victoire diplomatique pour Libreville. Ce 15 juillet 2025, le Groupe d’Action Ministériel du Commonwealth (CMAG) a officiellement levé la suspension partielle qui visait le Gabon depuis septembre 2023, quelques semaines après la prise du pouvoir par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI). Une décision saluée par la Présidence de la République comme une reconnaissance internationale des avancées majeures enregistrées par le pays dans le cadre de sa transition politique.
Une transition jalonnée de progrès
La décision du CMAG intervient à l’issue de l’examen d’un mémorandum transmis par le Gouvernement gabonais, document-clé détaillant la mise en œuvre rigoureuse du chronogramme de la Transition. Ce texte, selon plusieurs diplomates africains et anglo-saxons, aurait convaincu par sa clarté et la solidité de ses arguments.
Parmi les éléments décisifs, deux avancées ont été particulièrement saluées par les membres du Commonwealth : l’adoption, par référendum populaire, d’une nouvelle Constitution instaurant la Cinquième République gabonaise, et la tenue, le 12 avril 2025, d’une élection présidentielle jugée « apaisée, inclusive et transparente ».
À travers ce double succès — institutionnel et électoral — le Gabon a montré qu’il est capable d’assurer une transition démocratique sans sombrer dans l’instabilité ni dans les travers autoritaires. Un pari rarement gagné en Afrique centrale.
Libreville, de nouveau acteur crédible
Pour le Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, cette levée de sanctions est bien plus qu’un simple geste diplomatique. Elle est le symbole du retour en grâce du Gabon sur la scène internationale : « C’est une victoire du peuple gabonais tout entier, résolument engagé sur la voie du redressement, de la réconciliation nationale et de la refondation démocratique », a-t-il déclaré.
Ce geste du Commonwealth s’inscrit dans une dynamique plus large : en l’espace de quelques mois, Libreville a réussi à se faire réintégrer dans le giron de la CEEAC, à retrouver son siège au sein de l’Union Africaine, et à voir les États-Unis d’Amérique lever à leur tour leurs restrictions diplomatiques. Un triplé stratégique qui assoit définitivement la légitimité du pouvoir de Transition.
Une diplomatie de reconstruction
Si le pays est parvenu à rassurer ses partenaires, c’est aussi grâce à une stratégie diplomatique offensive mais mesurée. Depuis plusieurs mois, le ministre des Affaires étrangères, Régis Onanga Ndiaye, multiplie les rencontres bilatérales, les forums et les plaidoyers. À cela s’ajoutent les visites officielles du Chef de l’État, dont la plus récente, à Washington, a contribué à donner au Gabon un visage plus stable, plus attractif, plus souverain.
Le Commonwealth, qui n’a accueilli le Gabon dans ses rangs qu’en juin 2022 — sous Ali Bongo —, semble désormais déterminé à accompagner le pays dans sa reconstruction. Dans un communiqué, la Présidence gabonaise a réaffirmé son attachement aux principes de « dialogue, solidarité, bonne gouvernance et paix », autant de valeurs au cœur de l’organisation.
Vers une normalisation totale ?
Le Gabon, qui prévoit d’organiser des élections législatives et locales le 27 septembre 2025, entame la dernière ligne droite de sa Transition. La pression populaire et internationale est forte : le retour à un ordre constitutionnel effectif sera scruté de près.
Mais pour l’heure, le régime Oligui Nguema engrange les victoires diplomatiques. La levée des sanctions du Commonwealth vient confirmer un fait : le Gabon post-Bongo est en train de retrouver sa place, non plus en tant que pays sous tutelle, mais en tant qu’acteur diplomatique souverain et désormais écouté. Reste à transformer l’essai sur le terrain économique, social et politique.