La polémique enfle autour de l’attribution de la subvention à la presse gabonaise. Dans une dénonciation ferme et argumentée, le directeur du journal Mbandja, Guy Pierre Biteghe, dénonce une répartition jugée « injuste et politisée », pointant du doigt une disparité flagrante entre les journaux effectivement actifs et ceux considérés comme « quasi-inexistants » en 2024.
« Comment expliquer qu’un journal ayant publié deux numéros reçoive plus qu’un autre qui en a produit quarante ? », s’interroge-t-il, dénonçant ce qu’il perçoit comme un favoritisme décomplexé, au détriment de la transparence et de l’équité attendues dans une phase aussi sensible que celle de la Transition.
Dans son réquisitoire, Guy Pierre Biteghe fustige également l’attitude de l’activiste Stéphane Zeng, accusé de défendre de manière « aveugle » la ministre de la Communication, Laurence Ndong. Une posture qui, selon lui, alimente davantage les soupçons de « détournements » et « d’arrangements entre amis ».
Au-delà de la gestion ministérielle, c’est toute la crédibilité de la Transition qui se retrouve questionnée. L’opacité entourant la non-publication de la liste complète des bénéficiaires de la subvention et des montants alloués est perçue comme un contre-sens face aux engagements du président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema.
« Si Mme Ndong refuse de rendre publique la liste, c’est à Brice Clotaire Oligui Nguema qu’il revient de restaurer la confiance et d’ordonner la transparence. Autrement, ce bel élan républicain risque de se fracasser sur les récifs du favoritisme bureaucratique », alerte un directeur de publication sur un forum de journalistes.
« Nous avons la liste et nous avons les montants », affirme Guy Pierre Biteghe, appelant à briser l’omerta. Dans un contexte post-coup d’État où la parole publique doit être régénérée par l’exemplarité, il estime que le silence devient une trahison.
À l’heure où la Transition cherche à se doter d’une légitimité populaire durable, la publication intégrale des noms des bénéficiaires et des sommes perçues n’est plus un luxe, mais une exigence citoyenne. Car à défaut de transparence, la suspicion risque de s’ériger en principe de gouvernance.