Alors que le Président Brice Clotaire Oligui Nguema imprime une nouvelle dynamique au développement économique du Gabon, l’un de ses proches soutiens, Excellence Chancel Kongo, conseiller spécial du président mondial de l’OMEX et lobbyiste international, appelle à aller plus loin dans la reconquête de la souveraineté économique nationale. Dans une tribune récemment publiée, il propose une rupture assumée avec les pratiques passées, en misant sur la montée en puissance d’entreprises locales fortes, capables de transformer durablement le visage de l’économie gabonaise.
« La décision du Président de la République de transformer sur place nos ressources naturelles, notamment le manganèse, est non seulement salutaire, mais aussi stratégiquement cohérente », affirme-t-il en préambule, saluant ainsi l’orientation politique actuelle visant à maximiser la valeur ajoutée des matières premières extraites au Gabon. Mais cette vision, aussi ambitieuse soit-elle, ne saurait porter ses fruits sans une volonté plus large d’intégration locale et de montée en compétence des acteurs économiques nationaux.
Un diagnostic sans détour : l’économie sous perfusion
À l’heure où le Gabon poursuit ses efforts de redressement post-transition, Chancel Kongo dresse un constat sans fard : l’économie nationale reste fragilisée par une trop forte dépendance aux importations et à la dépense publique. « Quand près de 40 % du budget national est absorbé par les salaires, et que ce chiffre menace d’atteindre les 50 %, nous flirtons avec une zone critique, une récession déguisée. La Fonction publique ne peut plus être l’unique horizon professionnel de nos concitoyens », alerte-t-il.
Ce déséquilibre structurel, hérité d’années de rente pétrolière et d’un système économique peu inclusif, limite aujourd’hui la capacité du pays à créer massivement de la richesse locale. Pour l’ancien banquier d’affaires devenu stratège du développement, la priorité doit désormais aller à l’entrepreneuriat productif, avec des Gabonais à la tête d’entreprises structurées dans les secteurs clés : agroalimentaire, bois, transformation minière, industrie pharmaceutique, etc.
Modèle Dangote, fiscalité incitative et souveraineté alimentaire
Chancel Kongo invite à prendre exemple sur le Nigeria et son magnat Aliko Dangote, devenu un symbole panafricain de l’industrialisation locale. « Pourquoi n’aurions-nous pas des Dangote gabonais ? », s’interroge-t-il, tout en appelant l’État à jouer un rôle de catalyseur. Cela passerait par la mise en place d’un écosystème favorable : accès au financement, centres de formation adaptés, politiques publiques ciblées, incitations fiscales et surtout protection du marché local.
« Il s’agit de bâtir une stratégie d’État, avec une main-d’œuvre qualifiée, une fiscalité incitative et un cadre juridique protecteur, notamment en limitant les importations de produits de base comme le poulet, pour faire de la place au produit gabonais », explique-t-il. Dans sa vision, chaque province devrait pouvoir compter sur une grappe d’entrepreneurs bien formés, soutenus par des dispositifs publics mais aussi par des fonds d’investissement étrangers prêts à miser sur le potentiel gabonais.
Un projet d’envergure : former, financer, encadrer
Face à cette urgence économique, le conseiller de l’OMEX propose un partenariat structurant avec l’État gabonais. Objectif : initier un vaste programme de formation et de financement pour accompagner l’éclosion de champions nationaux. « Il ne s’agit plus de distribuer des financements à perte. Il s’agit d’investir intelligemment dans ceux qui veulent produire, transformer, exporter », insiste-t-il.
Pour cela, il propose la création d’un fonds souverain de développement national, adossé à une taxe spéciale dédiée à l’appui des entreprises gabonaises à fort potentiel. Ce mécanisme servirait à offrir des garanties bancaires, financer des infrastructures de proximité et soutenir l’innovation locale, notamment dans les filières agricoles et industrielles.
Un appel au courage politique
S’il reconnaît que « entreprendre est difficile », Chancel Kongo en appelle à un sursaut collectif et au courage politique pour faire de cette vision une réalité. « Il est temps d’oser, il est temps d’agir, il est temps de construire l’indépendance économique du Gabon, par les Gabonais et pour les Gabonais », conclut-il dans une formule qui sonne comme un manifeste.
Alors que le pays s’engage résolument dans la voie de la transformation structurelle, cette tribune vient nourrir un débat de fond : comment faire du Gabon un pays réellement industrialisé, inclusif, et capable de porter une croissance endogène portée par ses propres talents ? Les prochaines annonces du gouvernement, dans le cadre de la Ve République, seront scrutées à l’aune de cette exigence.